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Mon amour pour Thor

Lorsque j’ai commencé à lire des bandes dessinées Marvel, je ne croyais pas lire Thor. Après tout, on ne peut pas tout lire! Mais à force de chercher quoi lire, la série de Walt Simonson dans les années 80 (Thor (v.1, 1966), #337-382) revenait sans cesse comme l’un des apogées créatifs de l’univers Marvel. Je l’ai donc mis dans ma liste. Quand j’ai terminé la série légendaire des Fantastic Four par Stan Lee et Jack Kirby, j’ai entrepris d’en commencer le premier numéro.

Après seulement quelques pages, c’était déjà trop. Trop beau, trop mythique, trop cosmique. Comment une bande dessinée pouvait-elle en arriver là?!

C’est alors que j’ai appris que Lee et Kirby avaient une autre série légendaire: celle de Thor.

Ça prend du temps, avant qu’Asgard ne prenne vie. Mais tranquillement, comme pour les Fantastic Four, les crayons de Kirby s’aiguisent et, peu à peu, il laisse glisser les rênes de son imagination pour que celle-ci s’épanouisse.

Maintenant, j’ai presque fini de lire les 254 numéros qui séparent la première apparition du dieu du tonnerre et la série de Simonson (Journey Into Mystery (v.1, 1952), #83-125; puis Thor (v.1, 1966), #126-336). Et j’ai envie de vous raconter comment je suis tombé amoureux de Thor en chemin.

La magie de Lee et Kirby

J’adore Thor pour 3 raisons. C’est un chevalier (1) magique (2) de l’espace (3). Si ces 3 raisons vous laissent indifférent, rien dans cet article ne saura vous convaincre.

Si j’avais une seule chose à vous recommander dans le vaste catalogue Lee-Kirby, ce serait Thor. Le style grandiloquent de Stan Lee, qui devient essoufflant dans ses autres séries, est ici parfait pour le faux-Shakespeare des dieux. L’imagination immense de Jack Kirby est magnifiée, encore plus magnifique, lorsqu’elle anime un monde magique et mythologique dans les étoiles.

Odin, dans Thor #151

Cette première partie de la série voit se dessiner les contours du royaume d’Asgard et de son panthéon: le tout-puissant Odin, père de Thor, et aux décisions insondables; le loyal Balder the Brave, toujours prêt à porter l’épée; le dur Hogun the Grim et sa masse d’armes sans pitié; l’élégant Fandral the Dashing qui fait danser sa lame; le ventripotent Volstagg the Valiant, qui brille tant par sa couardise que par sa vantardise; et bien sûr Loki, God of Mischief, frère adoptif de Thor et fils indigne d’Odin.

Malgré quelques vilains oubliables, comme il y en a plein dans le Silver Age, l’ampleur de certaines histoires est inégalée pour l’époque. On découvre les Rigellians, peuple colonisateur des étoiles, mais qui doit quitter sa planète mère; Ego, la planète vivante au paysage dalinien; l’origine de Galactus, le dévoreur de planètes; Hercules, demi-dieu grec d’Olympe et fils de Zeus; et surtout le Mangog, somme personnifiée de la haine d’une civilisation entière, et qui menace de réaliser Ragnarok, la fin prophétisée d’Asgard. J’ai aussi, je dois l’avouer, un faible pour Crusher Creel, The Absorbing Man, qui prend les propriétés des matières qu’il touche.

Ego, la planète vivante, dans Thor #133
Le mythos de Thomas et Buscema

Roy Thomas (à l’écriture) et John Buscema (aux dessins) reprennent les rênes de la série après le départ de Lee-Kirby. Ils réaliseront la vaste majorité des numéros jusqu’à Simonson. Ensemble, ils continuent d’explorer le mythos de Thor, Asgard et son panthéon.

C’est surtout pendant cette partie que Thor trouve quelle genre de série elle veut être.

Certains numéros suivent Thor à New York, dans son identité secrète du Dr Donald Blake, un chirurgien boiteux. (Ce persona est d’abord créé par Odin pour enseigner l’humilité à Thor, mais ce dernier se la réapproprie. Un peu comme Superman, qui aime incarné Clark Kent pour se fondre aux humains.) On y suit Thor, dieu immortel, qui sauve New York (ou toute l’Humanité) de menaces, petites et grandes. Des histoires de superhéros « classiques », si vous voulez.

Thor (v.1, 1966), #284
Thor (v.1, 1966), #232

D’autres numéros ont Asgard pour théâtre, où les conflits entre les dieux ressemblent à des tragédies grecques, où les combats sont épiques et où les histoires s’inspirent de mythes.

Et quelques numéros, enfin, suivent Thor et ses frères d’armes dans des quêtes à travers le cosmos. Ces histoires sont un mélange surprenant, mais délicieux, d’éléments fantastiques à la Lord of the Rings et de science-fiction à la Star Trek.

Cet amalgame hétéroclite rend toute la série débordante d’imagination, toujours surprenante, et le « surréalisme bédéesque » disons, que je cherchais à découvrir en commençant mon exploration, est ici exemplifié à son meilleur. Aussi, il y a tellement de tout que c’est difficile de ne pas y trouver son compte.

Thor: Deus ex machina

Thor est également un des membres fondateurs des Avengers, et donc un personnage récurrent de la série du même nom. Avec Iron Man, Thor est explicitement le personnage le plus puissant du groupe. Les limites de ses pouvoirs, et ceux de son marteau magique Mjölnir, sont mal définis, ou plutôt, ils sont aussi forts que l’histoire le demande.

Bref, Thor agit souvent comme un deus ex machina (littéralement!), qui apparaît de nulle part, à la toute fin, une fois tous les Avengers tombés, pour sauver la situation.

Mais lorsque, après cette apparition, il est lui aussi vaincu, alors la menace n’en est que plus terrifiante. Et le prochain numéro s’annonce épique.

L’insoutenable légèreté… de la divinité

J’aime Thor, parce qu’il est chevaleresque. Il a une noblesse inébranlable, un code moral indéfectible. Si certains héros de Marvel doivent apprendre l’héroïsme et ses obligations, comme Spider-Man, cet héroïsme est inné pour Thor.

J’aime Thor, parce qu’il est un dieu qui souhaite être humain. La plupart des héros sont des humains « normaux » qui accèdent à la transcendance héroïque, à une partie du divin. Thor, lui, est déjà divin, mais aime délaisser sa divinité pour devenir un simple humain boiteux. Sauver une seule vie comme chirurgien lui apparaît presque plus valable que de sauver l’univers entier.

Thor (v.1, 1966), #267

J’aime Thor, parce que ce mélange unique de magie et de science, de fantastique et de cosmique, touche à tout l’imaginaire possible. Thor s’accroche à ce fil conducteur qui relie l’odyssée d’Ulysse, le preux chevalier qui pourfend les dragons et l’astronaute qui explore l’immensité des étoiles.

J’aime Thor, enfin, parce que tout ce que je voulais découvrir d’extravagant, de surréaliste, d’épique dans la bande dessinée s’y trouve.

Et maintenant, je m’en vais lire le Thor de Walt Simonson, les yeux grands ouverts.

Publié par Simon Cordeau

simoncordeau.net

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